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Réunion du Groupe consultatif de Paris : le nouveau show de Dakar lui réussit avec brio

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Après la première édition de sa réunion dite du «Groupe consultatif de Paris», qui a permis au Sénégal de collecter  3729 milliards en 2014,  le gouvernement de Macky Sall était, de nouveau, en début de semaine, sur la place parisienne pour une deuxième édition de sa collecte de fonds. Ce show se termine de fort belle manière, puisque de l’objectif initial de 2853 milliards, Macky et sa suite ont pu avoir des engagements jusqu’à hauteur de 7000 milliards sur 5 ans, soit le triple, pratiquement, de ce qui était attendu. Ceci porte  la note à 10.000 milliards. Cette levée de fonds, qui n’est rien d’autres que des endettements, est destinée à la réalisation du fameux Plan Sénégal Émergent. Les Sénégalais devront rembourser cette note salée sur plusieurs années.

Le Plan Sénégal Émergent (PSE), qui vaut à l’Etat ces endettements effrénés auprès des partenaires techniques et financiers, est destiné à faire du Sénégal un pays émergent à l’horizon 2035. Et l’émergence, aucun pays notamment, en  d’Afrique francophone, ne veut rester en marge. Les stratégies de développement sur le  continent sont devenues une mode. Les plans d’émergence se multiplient  et se ressemblent tous ou presque. Le web activiste Baba Wone disait  lors d’une discussion, que tous sont conçus par un cabinet américain qui les vend aux Etats Africains : Programme d’actions du gouvernement (PAG, 2016-2025) au Bénin, Programme Sénégal Émergeant (PSE, 2014-2035) au Sénégal,  Plan Stratégique Gabon Émergent (PSGE, 2009-2025), Plan national de développement Côte d’Ivoire (PND, 2012-2020), Émergence du Cameroun en 2035, etc.

Mais ici, c’est celui du Sénégal qui nous intéresse : le PSE. Il est conçu pour aider le pays à atteindre l’émergence en 2035. Sept secteurs à forte croissance ont été identifiés pour mener à bien ce projet entamé en 2014.  Après la première phase de mise en œuvre,  le Sénégal a obtenu  3729 milliards de francs CFA en 2014 lors de la réunion du Groupe consultatif de Paris. C’est dans ce cadre que les projets comme le Train express régional (TER), le port minéralier de Sendou, Dakar Arena ont été lancés.

Au total, ce sont 7 secteurs qui sont visés pour transformer le Sénégal d’ici 2035 avec notamment les infrastructures, les transports et l’agriculture. Seulement certains Sénégalais, au vu de ce qui est fait dans la mise en œuvre de la première phase, insignifiants, selon eux, sont sceptiques quant à la matérialisation du PSE. «Le bilan est une catastrophe à mon avis parce que le deuxième  volet de la transformation économique n’a même pas été  entamé et l’autosuffisance alimentaire, qui était au cœur de ce programme, est loin d’être atteint », notait l’économiste Maissa Babou, il y a un an dans un reportage sur Africa24.

Le PSE était censé relever, aussi, le taux de croissance et réduire le chômage. Mais ces objectifs sont loin d’être atteints de l’avis de certains citoyens. « Sur l’axe du PSE, le président a eu à parler de l’emploi des jeunes  et il avait promis entre 100.000 et 150.000 emplois décents par an. Alors qu’au moment de l’élaboration du PSE, le taux de chômage de 10,2 %  en 2016,  ce taux de chômage est de 13, 4%», commente Déthié Fall, vice-président du parti Rewmi (opposition).

Toujours sur la même chaîne panafricaine, un membre du  gouvernement a pris le contre-pied de l’économiste et de l’opposant. Pour les membres du gouvernement, avec le PSE, on  peut dire tout va bien madame la marquise. C’est ce que laisse entendre le ministre conseiller Zahara Iyane Thiam, en mars 2017 face à la caméra d’Africa 24 en citant le programme d’urgence de développement communautaire PUDC. Selon elle, ce Pudc  « est fait pour la population du Sénégal »  et ça permet  « l’allègement des travaux  de femmes,  la modernisation de l’agriculture par  la mise à disposition d’équipement agricole mais c’est également cette construction de routes et de forages», se félicite-t-elle.

D’aucuns critiquent  le gouvernement de creuser la dette publique avec cette deuxième réunion du Groupe consultatif de Paris tout comme si parce que le pays est endetté rien ne doit plus bouger.  C’est vrai que l’Etat a une dette intérieure qui reste à solder. Mais  est-ce parce que la dette intérieure n’est pas soldée que le pays doit arrêter ses différents projets qu’il avait déjà lancé? Certainement pas.

D’ailleurs selon le socio-économiste Ibrahima Dia, le Sénégal n’est pas aussi endetté que certains veulent le faire croire.  D’ailleurs le pays reste en dessous de la norme fixée par l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Par ailleurs la dette intérieure n’a rien à avoir avec l’endettement fait auprès des bailleurs de fonds internationaux à des taux concessionnels ne dépassant pas 1%. Il faut peut-être s’attaquer plutôt à l’effectivité  aux types d’investissements et leur impact sur la population  au lieu de s’en prendre aux prêts à proprement parler.

Par Noël SAMBOU


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