SENENEWS.COM- Le renvoi de Karim Wade devant un tribunal a précipité le retour de l’ex-président décidé à jouer sa dernière carte pour arracher son fils des griffes de Macky Sall.
Croyant jusqu’au bout que la justice sénégalaise se dégonflerait et que Macky Sall trouverait une issue politique aux poursuites dont fait l’objet son fils, le président Wade a décidé d’accélérer la cadence.
Son retour annoncé à grande pompe, à coups d’interviews savamment distillés et d’un regain de tension politique avec les dernières attaques du « fantôme » de l’opposition sénégalaise, Idrissa Seck, n’est surement pas une bonne nouvelle pour le Président Macky Sall.
Deux ans aprés avoir été chassé du pouvoir dans des conditions démocratiques saluées par le monde entier, l’ancien président sénégalais, qui est resté « secrétaire général du PDS à la demande de son parti », avance une forme de détermination caractéristique d’une longue carrière politique et par un gout du combat remarquable et jadis victorieux.
Résolument décidé à arracher son fils et ancien plus proche collaborateur, Karim Wade, des griffes d’un Macky Sall, qui peine encore à insufler le véritable changement attendu par une jeunesse de plus en plus agacée et qui est gêné aux entournures par un emprisonnement dont les maladresses et hésitations témoignent du degré de collusion mais aussi de risques de déstabilisation symbolique et matériel d’un pouvoir encore fragile, Abdoulaye Wade joue sa dernière carte.
En réalité, la véritable motivation d’Abdoulaye Wade est à rechercher dans ce lien filial.
Nul besoin d’être analyste politique pour comprendre que l’ancien président n’a que faire de son ancien parti disloqué et fragilisé par des poursuites judiciaires dissuasives mais aussi par une perte sèche de sa capacité symbolique à constituer une alternative.
C’est donc pour Karim, ce fils prodige, héritier contesté d’un pouvoir que son géniteur et néanmoins président s’apprêtait à lui transmettre au mépris de la constitution et retenu en prison depuis très exactement une année, qu’Abdoulaye Wade arrive à Dakar avec cette stratégie de l’étouffement politique qui lui a tant réussi.
En plaçant son retour dans un cadre « éminemment politique », évoquant à juste raison le « fort mécontentement » des sénégalais conduits, par la lenteur des changements et la reproduction de l’arrogance, à comparer « le régime actuel avec le mien et ont tiré les conclusions qui s’imposent », l’ex-président rentre à Dakar, deux ans aprés sa déroute « remercier les électeurs qui ont voté pour moi en 2012 et se sont battus jusqu’au bout » et s’adresser « à la jeunesse sénégalaise qui souffre de la hausse du chômage… ».
Aprés avoir échoué à lui faire revêtir le manteau d’héritier d’une république bananière, c’est d’un lucratif costume de victime, « Si Macky Sall a mis mon fils en prison, c’est parce qu’il voyait en lui le seul rival capable de l’affronter », qu’Abdoulaye Wade a décidé de parer un fils à qui il avait confié pas moins de quatre ministères stratégiques et qui est aujourd’hui poursuivi pour enrichissement illicite portant sur un patrimoine évalué à 518 millions d’euros pas la Cour de répression de l’enrichissement illicite chargé de le poursuivre.
Pour Macky Sall, jadis « fils spirituel », c’est un boubou de « bourreau » et de le menacer « Je vais lui dire que je ne souhaite pas qu’il y ait un affrontement pour le pouvoir au Sénégal », et tout ceci sous le vernis d’une « démocratie qui doit revenir ».
Que personne ne s’y trompe: Wade is back!
Karfa Sira Diallo
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