Avis aux magistrats sénégalais : le courage et l’indépendance de la justice sont déconseillés pour la carrière !
SENENEWS.COM-La déclaration de fidélité absolue et empressée de Moustapha Niasse à Macky Sall peut-elle renforcer un parti présidentiel déjà à bout de souffle et en proie au choc d’ambitions non canalisées explosant en des violences politiques qui sapent l’entreprise émergente que le président de la République veut insuffler ?
Qu’un magistrat se plaigne des pressions subies visant à classer l’affaire des violences du parti au pouvoir et voilà que des insinuations fallacieuses sont distillées pernicieusement pour salir son image. Avis aux magistrats sénégalais : le courage et l’indépendance de la justice sont déconseillés pour la carrière !
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Il ne sera, décidément, rien épargné au président de la République et toujours chef de l’Alliance pour la République, le parti au pouvoir. A peine quelques jours après son retour triomphal d’une pêche miraculeuse, où de nombreux milliards empruntés sont annoncés comme devant mettre fin au sous-développement du pays en le plaçant sur les rails d’une émergence définitive et sans faille, voici que les démons de la division reprennent le parti au pouvoir.
Est-ce l’annonce de cette manne financière qui aiguise tant les appétits ? Serait-ce l’ordre naturel et tropical de la compétition politique à trois mois des élections municipales ?
>> A lire EDITO- Ce que cache le limogeage d’Alioune Badara Cissé (par Karfa S. Diallo)
Toujours est-il que malgré les nombreuses et brillantes compétences, qui se sont succédé pour défendre, devant les radios et télévisions, l’impact économique et social attendu et espéré du Plan Sénégal Emergent, les dirigeants de l’Alliance pour la République semblent très peu conscients des enjeux de la nécessaire transformation de la culture politique sénégalaise.
Et si le président Macky Sall, à la réunion d’un Directoire de l’APR qu’il ne devrait plus présider pour respecter la constitution, a raison de mettre en garde ces cadres et militants sur les dangers de l’arrogance, il reste qu’en continuant à violer la constitution (par le fait de rester chef de parti) il est loin de donner le bon exemple.
En vérité, les cadres et militants de l’APR semblent déboussolés par un fonctionnement clanique voire familial dans lequel le premier cercle, ayant l’intimité et donc l’oreille du chef de parti et néanmoins président de la république, s’arroge une influence et un pouvoir réduisant à néant les légitimes ambitions des cadres.
En face l’opposition déboussolée et incohérente n’a comme réponse à la situation que cette position absurde défendue par son coordinateur Oumar Sarr demandant « la dissolution de l’Alliance pour la République, vecteur des violences notées ». Et l’attelage présidentiel, Benno Bokk Yaakaar, de se confondre en tentative de fusion ou en vain spectateur d’un jeu politique qui semble se dérouler dans des cercles familiaux exclusifs.
>> A lire : Edito – A quoi sert le discours de politique générale du premier ministre Aminata Touré ? (par Karfa S. Diallo)
Il est à craindre que la prétention démocratique sénégalaise ne résiste difficilement à la réalité du pouvoir. Dans les faits et malgré les alternances et grandes messes citoyennes la question de la violence politique n’a jamais été abordée sérieusement. L’urgence de la formation à l’éducation civique, la gestion du stress, bref à une saine et apaisée culture du débat et de la confrontation tarde à être comprise dans les processus d’intégration des différentes formations politiques.
Le sentiment d’une illégitimité toujours crainte renforcée par une culpabilité intériorisée de trahir les aspirations éthiques des populations fabrique ainsi un certain nombre de leaders politiques qui ont intégré cette violence comme exutoire nécessaire dans les moments de tension politique.
Ainsi, aucun parti politique sénégalais n’est à l’abri de ces explosions régulières de violences qui traduisent une incapacité à trouver des mécanismes de régulation d’un jeu politique qui, s’il ne peut faire l’économie de l’ambition légitime, devrait se préoccuper davantage d’un peuple qui souffre encore de ces élites infidèles.
A lire :
– Hymne à la femme (par Rabia Diallo)
– EDITO. Ouverture du groupe consultatif de Paris: quand Hollande snobe Macky Sall (par Karfa Diallo) paru le 24/02/2014
– Municipales 2014- A la jeunesse sénégalaise de relever le défi du changement (par Mamadou DIOP) paru 26/02/2014