Tout un symbole que la présence de Yamina Benguigui, qui a commencé son intervention en égarant son discours, à l’ouverture de la réunion du Groupe consultatif de Paris. Après la Chine où les lettres d’intention ont fusé, François Hollande snobe ouvertement Macky Sall en envoyant sa Ministre de la Francophonie.
La rupture attendra. A la tête d’une importante délégation, le Président Macky Sall est à Paris, aujourd’hui et demain, pour présenter son plan de développement pour accélérer la croissance et faire émerger durablement l’économie sénégalaise.
Venu à Paris chercher 4,5 milliards d’euros additionnels, le Président Macky Sall est allé plus loin que la plupart des chefs d’Etats africains qui ont usé et abusé depuis l’indépendance des investissements publics et privés occidentaux censés participer au développement du continent. Véritable maitre d’orchestre d’une tournée qui a commencé par la Chine, le Président Macky Sall joue sa crédibilité personnelle dans une entreprise politico-économique qui a eu raison de bien des illusions présidentielles en Afrique. La rupture tant attendue dans la gestion des relations diplomatiques et économiques du pays attendra.
Un pari présidentiel coûteux pour le contribuable sénégalais.
Le Président Macky Sall aurait surement pu faire faire de substantielles économies à l’Etat sénégalais en ne convoyant pas sa pléthorique délégation vers la capitale française. Peut-être fallait-il tout simplement assumer l’audacieuse stratégie de contournement et de pression qu’il a entreprise en sollicitant d’abord la Chine
Quand Dakar parle développement, Paris continue de parler civilisation.
S’Il est vrai que le pacte de responsabilité, que le gouvernement Ayrault a été obligé de concéder au patronat français pour redresser une économie à bout de souffle et un chômage endémique, mobilise toute l’attention des ministres de François Hollande, on peut difficilement imaginer qu’il ne s’agisse que d’une erreur de casting. Le gouvernement socialiste français n’a trouvé pour le représenter à l’ouverture de cette rencontre « d’importance » initiée par l’Etat sénégalais qu’une Ministre de la francophonie dont les compétences économiques sont aussi éclairantes que le sont celles de mon cousin d’Agnam Siwol.
Est-ce pour la France une manière de ridiculiser l’initiative du Président Macky Sall ? Serait une mesure de rétorsion face à la stratégie de diversification des sources de financement et d’évitement de l’ancienne puissance coloniale qui a fait démarrer cette initiative en Chine ?
Car enfin, faudrait-il rappeler à l’Etat français, que le Dakar, n’est pas venu à Paris pour parler de la francophonie. Que si le Président Macky Sall s’est impliqué personnellement c’est qu’il veut faire de son plan d’émergence « le référentiel de la politique économique et sociale sur le moyen et le long terme’’ du Sénégal. Que l’usage du français, malgré sa beauté, ne sera d’aucun recours pour trouver les 10 000 milliards de francs CFA, pour lequel il est recherché un financement additionnel de 3 milliards de FCFA, dont 1853 milliards auprès des partenaires techniques et financiers et 1 000 milliards du secteur privé. Que la langue française n’est nullement nécessaire pour présenter les 21 projets que l’imposante délégation transporte dans sa besace.
Mon avis est que la France a voulu démontrer encore une fois sa influence néocoloniale en se faisant représenter par sa ministre chargée de la francophonie au groupe consultatif de Paris organisé par le Sénégal. Et que ce soit une ministre d’origine africaine (maghrébine pour être précis) montre l’éclatement des repères idéologiques et politiques dans la France aujourd’hui. Une manière de dire que les liens entre la France et le Sénégal sont au-delà de l’économique. Que le Sénégal pourra aller jusqu’en Chine chercher et trouver des financements, qu’il n’arrivera pas pourtant à défaire ce que des siècles de ravalement, de rafles, de confiscation, de mépris, de désespérance et de peur ont insinué au plus profond de la terre africaine.
Et ce ne sont ni les lettres d’intention signées à tout va, ni les rencontres consultatives qui mettront un terme à cette domination sournoise qu’on ne fait que reproduire en mystifiant la Chine. Sans ignorer le monde, c’est d’abord grâce à ses propres forces qu’on redresse un pays.
Karfa Diallo