Devant des dizaines de témoins, des soldats de l’armée centrafricaine, qui faisait son retour à Bangui, ont tué un homme suspecté d’être un ancien membre de la Séléka.
Mercredi devait être une journée symbolique en Centrafrique. Lors d’une cérémonie officielle, la présidente Catherine Samba Panza a en effet célébré la renaissance de l’armée nationale. Depuis leur déroute de mars 2013 face aux rebelles de la Séléka, les Forces armées centrafricaines (FACA) s’étaient dispersées dans tout le pays. De nombreux hommes, privés de soldes, étaient notamment retournés dans leurs villages. Les FACA étaient donc de nouveaux rassemblées pour la première fois ce mercredi à Bangui, la capitale.
Catherine Samba Panza a assuré aux militaires, dont beaucoup n’ont même plus d’uniforme, être en « pourparlers » avec les partenaires de la Centrafrique pour pouvoir assurer rapidement le règlement des soldes, impayées depuis cinq mois, et les équiper « pour qu’ils puissent assumer leur mission de sécurisation de Bangui et du territoire national ».
Foule ivre de colère
Quelques minutes après la fin de la cérémonie, une fois les officiels partis, environ 200 éléments de la FACA ont interpellé, dans l’enceinte même de l’Ecole nationale de la magistrature, un civil, accusé d’être un ancien de la Séléka. En quelques instants, l’homme a été lynché par les militaires, sous les applaudissements de la foule.
Le meurtre s’est déroulé sous les yeux de soldats de la force africaine (Misca), qui assuraient la sécurité de la cérémonie hautement symbolique, et de nombreux journalistes. Ces militaires africains ne sont pas intervenus. Les Français de Sangaris, qui n’étaient pas dans le secteur, sont quant à eux arrivés après les faits.
Les musulmans pris pour cible
Ces derniers jours, plusieurs organisations non gouvernementales, notamment Amnesty International et Human Rights Watch, ont dénoncé la passivité des forces internationales face aux violences dont sont particulièrement victimes les musulmans, assimilés aux anciens rebelles qui avaient multiplié les exactions pendant des mois contre les populations chrétiennes.
Le dramatique événement de ce mercredi prouve une nouvelle fois que les rancœurs sont toujours tenaces et que la situation est loin d’être stabilisée.
